Ne condamnez pas votre enfant à vivre dans la confusion.

Si votre enfant obtient un diagnostic d’autisme, dites-le-lui! Faire autrement est un pacte faustien.

Photo par Anna Kolosyuk sur Unsplash

En fait, mon conseil va pour tout trouble mental. Ceci peut être l’autisme, la schizophrénie, le trouble d’anxiété généralisée, etc. Dans mon article, je ne parle que de l’autisme parce que c’est le trouble qui m’affecte le plus, et que je crois que mon anxiété et ma dépression en découlent.

Une jeune personne a récemment annoncé que ses parents savaient qu’elle était autiste depuis très tôt. Cette personne a été diagnostiquée formellement. Par contre, les parents ont décidé de cacher ce fait. Leur raison était qu’ils ne voulaient pas que leur enfant utilise l’autisme comme « une béquille. »

Soupir…

D’emblée, cette raison peut vous paraitre sensée, surtout si vous êtes ignorants à propos de l’effet de l’autisme sur votre gamin. Néanmoins, le fait de priver votre enfant du bénéfice d’un diagnostic est un pacte faustien. Bien sûr que cet enfant ne pourra pas utiliser l’autisme comme une béquille. Il ressentira néanmoins ses effets, et ceci aura un effet néfaste sur sa santé mentale.

Voyez-vous, nous ne décidons pas de la façon dont l’autisme nous affecte. Nous ne décidons pas d’être terrible au décodage du langage corporel, ou d’avoir des difficultés avec l’amitié, ou nos problèmes sensoriels, ou les troubles somatiques qui accompagnent l’autisme. Non seulement ne nous les choisissons pas, mais ils peuvent aussi changer au cours du temps. Ils ont certainement changé pour moi.

D’après ce que j’en sais, mes parents n’ont pas obtenu un diagnostic d’autisme pour moi, et donc ils n’ont pas eu l’opportunité de cacher quoique ce soit. Je ne sais pas si quelqu’un leur a suggéré ce diagnostic. Il en reste que j’ai déjoué la détection jusqu’à l’âge de 50 ans. C’est à ce moment-là que je me suis auto-diagnostiqué. Donc, je peux prendre mon cas comme un exemple de quelqu’un qui a toujours été autiste, mais qui l’a réalisé seulement beaucoup plus tard dans la vie.

Je ne crois pas même pour un moment que l’ignorance de mon autisme ait été bonne pour mon bien-être général. Je n’ai peut-être pas utilisé mon autisme comme une béquille, mais mon ignorance m’en a fait baver de tellement d’autres manières. Avant mon auto-diagnostic, ma vie fut un bordel complet.

Examinons certains aspects de ce bordel.

Je suis divorcé d’un mariage qui a duré 22 ans. La cause principale de mon divorce est que mon ex-épouse ne tolérait plus mes caractéristiques de mon autisme. En bref, elle me lançait des regards furieux. Mais moi, je n’étais pas capable de les percevoir. Alors, elle m’accusait d’avoir délibérément ignoré ses regards. Alors, moi, je l’accusais d’avoir inventé ces regards. On rince et on répète. Je l’ai prié de me dire de façon explicite son mécontentement, en vain.

Nos disputes à répétition me confondaient. Nous ne savions pas que j’étais autiste. Nous supposions tous deux que notre manière de percevoir le monde était universelle. En plus, nous ne parlions pas de neuroatypie dans notre maison. Si nous avions su que j’étais autiste, nous aurions peut-être organisé notre vie différemment, mais nous ne le savions pas, et donc ce mariage est maintenant fini.

Votre vie d’autiste existe grâce à votre support. Utilisez l’un des liens ci-bas pour me supporter. Merci!

L’amitié est aussi confondante pour moi. Oui, j’ai eu des amis. Mais il est difficile de les garder. Je me suis retrouvé sans amis après mon divorce. Maintenant que je sais que je suis autiste, je donne priorité aux relations avec d’autres autistes et d’autres queers. Je me fais des amis en allant dans les événements en ville. Si j’avais su plus tôt que j’étais autiste, j’aurais pu faire ceci plus tôt, et je suis convaincu que je serais dans une meilleure situation en ce qui concerne les amitiés.

Un autre problème pour moi a été que j’ai essayé de me conformer à la conception sociale de la vie de bureau. J’ai travaillé comme ingénieur logiciel dans un bureau. J’ai aussi enseigné à l’université. Tous deux constituèrent un fardeau considérable pour ma santé mentale. J’ai réussi à éviter le burnout seulement parce que mon mariage opérait comme un pare-choc. J’ai un jour quitté le bureau pour retourner à l’école avec l’accord de mon ex-épouse, et par la suite mon ex-épouse et moi avons choisi une vie qui n’encourageait pas ma carrière académique. J’étais satisfait de ceci, mais plus tard, nous avons divorcé.

J’étais capable de tolérer la vie de bureau quand je devais le faire, mais c’était mal à l’aise, et ça aurait probablement conduit au burnout. C’était comme quand on essaye de pousser une douille carrée dans un trou rond. Peut-on le faire? Mais oui. Cependant, pour le faire, il faut écraser la douille dans le trou. D’une part, ça prend de l’effort pour l’écraser. De l’autre part, l’écrasement endommage la douille. Similairement, il y a des autistes qui peuvent s’écraser dans un bureau, mais ça prend de l’effort, et ça les laisse endommagés.

Ces jours-ci, je n’ai aucune envie de retourner dans un bureau. Le travail qui met de l’argent sur la table présentement est le tutorat. Je peux établir mon horaire propre. Je peux prendre des siestes quand je le veux. Je n’ai pas à composer avec la politique de bureau. Je peux défendre les droits des autistes, écrire sur mon autisme, et j’ai deux livres en écriture.

Quel bien cela a-t-il fait de réaliser si tard dans ma vie ce que j’aurais dû faire? Oui, j’ai essayé de pousser la douille carrée dans le trou rond, du mieux que j’ai pu, mais ça a été principalement une perte de temps. Si j’avais su dès le départ que j’étais autiste, mon cheminement de vie aurait certainement été différent, et je serais maintenant mieux placé pour faire le travail que je suis capable de faire. Faire du tutorat est bien, mais j’ai dû réapprendre les mathématiques que j’avais apprises il y a plus de 30 ans. Si j’avais su plus tôt, ça aurait été plus facile.

Les autistes qui ne savent pas qu’ils sont autistes sont condamnés à essayer de se conformer à la société neurotypique. Ceci est un plan pour l’inconfort extrême, et, finalement, le burnout. S’ils savent qu’ils sont autistes, ils peuvent alors conformer la société à leurs besoins. Ceci est une bien meilleure proposition. Une proposition qui peut aider à échapper à un burnout.

Si votre enfant a un diagnostic d’autisme, dites-le-lui. Vous lui éviterez une vie vécue dans la confusion.


Publié

dans

,

par

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *