Les interactions sociales ont toujours été difficiles pour moi.
Comme observation générale, les interactions sociales ont toujours été un champ de mines pour moi. J’ai fait ce que j’ai pu pour marcher soigneusement autours des mines, mais j’ai quand même posé le pas sûr quelques-unes. Je croyais simplement être un “excentrique” mais je crois maintenant que c’est mon autisme qui explique cet état de faits. À vrai dire, il y a beaucoup de cas dans ma vie où initier une interaction était difficile. J’avais, par exemple, des problèmes avec les appels téléphoniques depuis la petite enfance.
Jusqu’à ce jour, je préfère ou bien les conversations face à face ou bien les textos, plutôt qu’un appel téléphonique. Pour moi, les courriels, c’est la même chose que d’envoyer un texto, donc je traite les courriels de la même manière que les textos. Pour une raison quelconque étrange, les appels téléphoniques se ramassent dans une sorte d’étrange vallée (“uncanny valley”) pour moi. Je ne suis pas certain de la raison.
D’une part, peut-être que les conversations face à face me permettent au moins d’utiliser l’ensemble complet des indices sociaux. Il est vrai que je n’ai pas une grande habileté pour utiliser ces indices. Par contre, j’ai tout de même tous les outils sociaux à ma disposition si j’en ai besoin.
D’autre part, les textos nivellent le terrain de jeu, pour ainsi dire. Les gens qui utilisent les textos ne peuvent compter sur toute autre chose que les mots eux-mêmes dans les messages. Tous les indices présents dans les interactions face à face sont absents. Oui, il peut y avoir des nuances, mais elles sont extrêmement amorties par le médium du texto.
Un appel téléphonique tombe dans une sorte de moyenne moche où certains des indices sociaux ne sont pas disponibles, mais il y a assez d’entre eux qui sont disponibles à la personne à qui je parle pour que je me sente désavantagé. Je me rappelle que, quand je travaillais dans un bureau, mes collègues généralement m’appelaient pour me parler, alors que moi, je préférais marcher à leur bureau pour avoir une conversation. Je crois maintenant que c’est mon autisme qui me faisait agir ainsi. Même aujourd’hui, si je veux parler au bureau de location où je loue un appartement, je préfère y marcher que de donner un coup de fil.
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Outre les appels téléphoniques, je me suis parfois ramassé dans des situations sociales qui me semblaient être sensées, mais qui n’avaient pas de sens pour les autres gens. Je me rappelle quand j’étais (je crois) adolescent, mon frère jouait dans l’escalier et il a fini par tomber et se blesser. C’était sérieux à un point tel que j’ai dû appeler l’ambulance. Les ambulanciers nous ont emmenés dans un hôpital proche, mais cet hôpital n’était quand même pas la porte à côté. Après que mon frère ait été vu par les docteurs et déchargé, nous n’avions pas de moyen clair pour retourner à la maison.
J’ai décidé que la meilleure façon de faire ne serait pas de retourner à l’hôpital et de leur demander de contacter mes parents. Pourquoi ferais-je ça? Personne là-bas ne nous connaissait vraiment. Mais, pourquoi voudraient-ils m’aider? Il me semblait bien mieux de marcher jusqu’à un magasin qui appartenait à quelqu’un que notre père connaissait. Donc, nous avons marché jusque-là, et nous avons surpris le propriétaire qui appela notre père. Je crois me souvenir d’avoir déjà été dans son magasin auparavant, donc il nous connaissait, contrairement aux préposés de l’hôpital qui ne nous connaissaient pas.
Ce plan me paraissait être très sensé. Mon frère a deux ans de moins que moi. Je crois qu’il me faisait simplement confiance, peu importe si mon plan était sensé ou non. Je ne crois pas que mon plan fut sensé pour quiconque d’autre, et j’inclus ici l’adulte qui écrit ces lignes. Cet événement est seulement l’une des occasions dont je me rappelle où j’ai concocté un plan qui me semblait logique, mais qui n’était pas sensé pour les autres gens. J’ai posé le pas sur une mine. Je suis sûr qu’il y a d’autres cas comme celui-ci, mais je ne me rappelle pas de ces cas clairement en ce moment.
Même aujourd’hui, les interactions sociales sont difficiles. Récemment, j’étais dans un événement social en ville, et je parlais avec les gens. Je me suis rendu compte que mon pied se balançait sous ma chaise. Mes pieds étaient croisés de telle manière que mon pied gauche était sur le dessus et je pouvais le faire se balancer. Du coup, je me suis rappelé tout de suite que je faisais la même chose quand j’étais plus jeune. Je pense que peut-être l’habileté à masquer peut venir en vagues? Je n’en sais rien. Peut-être que quand j’étais adolescent, j’étais moins capable de masquer, par la suite, j’ai appris à masquer comme un pro, et ensuite, j’ai perdu une partie de mon habileté à masquer avec mon cancer?
Je revisiterai ça dans d’autres articles.
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