Suis-je un trou de cul?

Je me pose cette question fréquemment, probablement à cause des expériences traumatiques dont j’ai souffert.


Cet article est une traduction d’un article originellement publié en anglais en mars 2024.


Je crois que mon inquiétude à savoir si je suis un trou de cul vient de ces innombrables occasions dans lesquelles j’ai été injustement étiqueté comme étant un trou de cul. Au cours du temps, j’ai internalisé les paroles des accusateurs, et je me demande maintenant si je suis bel et bien un trou de cul.

Je vais vous raconter une petite histoire. Il y a à peu près deux semaines et demie, j’ai jeu une rencontre magnifique avec une fille soumise. Elle était tout ce que je recherche dans un partenaire. Elle était autistique, comme moi. Ses caractéristiques autistiques étaient différentes des miennes. Nous avons eu une fin de semaine merveilleuse. Quand je lui ai demandé comment elle se sentait, elle m’a dit se sentir comblée. C’est le mot qu’elle a utilisé.

Vers la fin de notre rencontre, une crise s’est révélée dans sa famille. Cette famille n’habite pas proche de chez nous. Néanmoins, la situation était sérieuse. La dernière chose que j’ai apprise d’elle était qu’elle était arrivée saine et sauve à son domicile. Par la suite, elle est devenue silencieuse. Je n’ai rien reçu de plus depuis notre rencontre. Va-t-elle bien? La crise est-elle passée? A-t-elle dû traverser plusieurs états pour rendre visite à sa famille? Aucune idée.

Quand quelque chose comme ceci se produit, mon esprit s’excite. Elle était comblée. Je lui ai tout donné. J’étais gentil. Mais… est-ce que… est-ce que je l’ai quand même froissée d’une manière quelconque. Est-ce que j’ai fait quelque chose que je n’ai pas remarqué. Suis-je un trou de cul?

Si vous me trouvez dramatique avec ma crainte d’avoir fait quelque chose que je n’ai pas remarqué, je vous rappelle que je suis divorcé principalement parce que mon ex-épouse ne composait plus avec les caractéristiques de mon autisme. Quand elle était fâchée, elle me lançait un regard. Moi, je n’étais pas capable de lire ces regards. Elle m’accusait d’ignorer délibérément ses regards. De mon côté, je l’accusais d’avoir imaginé ses regards furieux. Et oui, je suis vraiment capable d’enquiquiner les gens sans le vouloir, même ceux qui sont neuroatypiques. Mon ex-épouse avait le TDAH.

Je voudrais bien croire que j’agirais superbement dans toutes situations. Hélas, je sais que ce n’est pas le cas. Il m’est arrivé de ne pas agir superbement. Je ne me comportais pas en monstre, mais j’ai quand même été capable de blesser certaines personnes, même celles que j’adorais. J’ai parfois été un trou de cul.

Je crois que comme réponse aux expériences traumatiques dont j’ai souffert, et le fait que je ne me comporte pas toujours superbement, mon cerveau s’engage à comparer mon comportement réel avec celui des trous de cul. Je n’y peux rien. C’est seulement ainsi que mon cerveau fonctionne.

Je vais vous donner un exemple. Pendant la rencontre avec la fille que je mentionne ci-haut, nous sommes allés prendre un café. Nous nous sommes assis à une table, et avons bavardé un peu en buvant notre café. Elle sortit son téléphone, et commença à lire un manga. J’ai été dans le monde neurotypique assez longtemps pour savoir que si elle avait été avec un neurotypique, cet individu aurait interprété ceci comme étant signe de son désintérêt. Pour mon compte, je ne me suis pas fâché. J’ai juste continué à lui parler, and à avoir le plaisir de sa compagnie.

Quelque chose de similaire s’est reproduit plus tard quand j’ai proposé de regarder un film. Elle m’avait dit qu’elle lisait. J’ai cru qu’elle voulait dire qu’elle ne voulait pas regarder de film. Bon, pas de problème. Un peu plus tard, j’ai suggéré de regarder une émission de télé, parce que j’avais pensé que peut-être le film que j’avais choisi ne lui plaisait pas. Elle m’a répondu qu’elle lisait toujours, mais que je pouvais mettre mon émission et qu’elle était capable de regarder cette émission et lire en même temps.

Okay, je n’ai pas cette habileté de multitâche. Retournons à l’épisode du café. Est-ce que ça m’aurait donné quoique ce soit de me fâcher? Non. Par contre, ces deux épisodes auraient probablement causé de la colère dans une personne neurotypique. Oui, je compare mon comportement avec celui des gens neurotypiques. Encore une fois, je n’y peux rien. Je ne décide pas de faire ceci. Ça ne fait qu’arriver. Ce que je décide, c’est de ne pas m’engager dans ces comportements destructifs.

Parfois, je me demande si je me révélerais être un trou de cul, même dans des situations qui ne se sont pas encore produites. Je suis pansexuel, mais je n’ai été intime qu’avec un seul homme transgenre. Nous avons eu deux bons jours ensemble, mais avant ceci, je me demandais si j’allais dire ou faire quelque chose qui le froisserait. Je n’avais jamais été dans cette situation. Donc, je me comparais encore avec des trous de cul. Serais-je un trou de cul quand nous serons intimes?

Une fois, j’étais en train d’expliquer à un groupe de gens que quelqu’un m’avait ghosté après une nuit de sexe, mais que j’avais décidé de ne pas la poursuivre sur l’Internet. Ces gens ont commencé à grincher immédiatement. Pourquoi est-ce que j’avais décidé de ne pas la poursuivre, si je n’étais pas un genre de monstre qui poursuit les gens. Voici une explication. Premièrement, comme j’ai dit ci-haut, je me compare bien involontairement aux trous de culs. Ceci n’est pas une décision. Deuxièmement, je suis un ingénieur informatique. J’ai dans le passé fait des choses qui me permettraient de poursuivre quelqu’un si je le voulais. Faire ceci ne requiert aucun effort mental de ma part. Je ne poursuis pas les gens, mais ceci serais très facile si je voulais le faire.

J’ai une expression pour ce que ces personnes m’ont fait: l’humiliation karmique. Les gens pensent au karma comme étant une force spéciale, mais le karma n’est en fait que le conditionnement que l’on subit quand nous grandissons. J’ai le karma de quelqu’un qui se compare aux trous de culs. J’ai aussi le karma d’un ingénieur informatique. Ceci est mon conditionnement. Je n’y peux rien. M’humilier à ce propos n’est pas utile.

Je ne suis habituellement pas un trou de cul, mais je me demande tout le temps, et même dans des situations qui ne le requièrent pas: suis-je, au bout du compte, un trou de cul? Et ai-je fait quelque chose que je n’ai pas remarqué?

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