Est-il possible que les neuroatypiques vivent leur spiritualité différemment des neurotypiques?
La réponse est évidente. Oui, nous vivons notre spiritualité autrement des neurotypiques. Pourquoi la spiritualité serait différente des autres domaines de l’existence? Je vous rappelle que je croyais que nous percevons tous le monde à peu près de la même manière. Et puis je me suis rendu compte que je suis neuroatypique. Cette neuroatypie impacte comment je perçois le monde, comme, par exemple, mon incapacité de percevoir les regards fâchés quand je suis en plein milieu d’une interaction avec quelqu’an.
Peut-être que les idées abstraites qui servent à expliquer une spiritualité spécifique sont reçus d’une manière qui est substantiellement pareille pour tout le monde. Notez que je dis « peut-être. » Je ne suis même pas certain de ceci. Par contre, il est certainement vrai que quand nous parlons des expériences que le chemin spirituel est supposé nous offrir, les gens neuroatypiques ne vivent pas ces expériences de la même manière que les neurotypiques.
Notez que je n’ai pas toutes les réponses à savoir comment cette expérience diffère. Je ne fais que commencer à penser à ceci. Pendant la majorité de ma vie, je me croyais neurotypique. Je crois, néanmoins, que cette question vaut la peine d’être examiné.
Pourquoi?
Parce que, comme pour toute autre chose dans la vie, il se peut que nous devions adapter nos méthodes d’enseignement pour les neuroatypiques. Bien sûr, qui il a des adaptations évidentes que nous pouvons faire. Prenons le cas de la méditation. Nous pouvons permettre aux gens de s’autostimuler silencieusement. Nous pouvons leur permettre d’éteindre leur caméra quand on médite virtuellement. Nous pouvons éviter de penser qu’il se passe quelque chose d’étrange s’iels ne veulent pas faire le contact du regard, etc.
Ce sont les adaptations moins évidentes sur lesquels je réfléchis. J’ai demandé à mon Maitre de Zen un type de pratique approprié pour quelqu’an qui souffrait de psychose. Je croyais que la méditation assise aurait pu être appropriée, mais mon maitre a suggéré de faire du chant méditatif à cause de son effet d’ancrage. Je perçois la sagesse de ceci.
De plus, je réfléchis sur les expériences rapportées à propos de spiritualité. Le bouddhisme en général et le Zen en particulier permettre de suivre plusieurs chemins vers l’illumination. Je me demande, par contre, combien de ces chemins sont parmi ceux que les neuroatypiques peuvent prendre. L’un des obstacles pour plusieur·es qui pratiquent le Zen est l’habileté de concentrer l’esprit. Okay, mais quelle serait la réponse, si, comme autiste, j’avais déjà cette habileté, mais que je ne le savais pas. Combien de temps pourrais-je perdre à pourchasser quelque chose que je possède déjà?
Pourchasser quelque chose que nous possédions déjà est l’une des ironies de la pratique du Zen. Nous sommes déjà illuminés. (Oui, même vous.) Cependant, nous ne le savons pas, et nous, qui pratiquons le Zen, passons notre vie à pourchasser cette illumination. Si je me permets un parallèle, le monde est naturellement et toujours changeant. Le monde n’a pas besoin d’obtenir le changement pour avoir cette habileté. Je ne crois pas, par contre, que le fait que nous soyons déjà illuminés ne démontre quoi que ce soit à propos de notre habileté pour la concentration.
Dans le Zen même, il y a plusieurs manières de pratiquer. Nous pouvons simplement s’asseoir et méditer silencieusement, ou bien méditer avec un koan. Quelle méthode est la meilleure? Les gens parfois utilisent le terme devinettes pour parler des koans, mais ce mot n’est pas exact. Néanmoins, il vous faut comprendre la langue du koan pour être capable de répondre. Peut-être une personne neuroatypique qui a de la difficulté avec la langue devrait préconiser la méditation silencieuse, plutôt que d’essayer de décoder le sens d’un koan.
Pour ma part, j’ai évolué spirituellement depuis que j’ai commencé à pratiquer la méditation Zen il y a plus de 27 ans. Par contre, mon cheminement n’a pas été vraiment concordant avec ce que j’ai entendu sur la pratique. Je n’ai pas eu d’hallucinations visuelles. Je n’ai pas vu aucun Bodhisattva se matérialiser devant moi. Par contre, beaucoup de mes expériences perceptuelles ont été auditoires. Par exemple, au début d’une retraite de sept jours, je trouve le cliquetis des ustensiles durant les repas plutôt ennuyeux. Par contre, au fur et à mesure de la retraite, ce cliquetis se transforme en une merveilleuse harmonie. C’est toujours du cliquetis, mais ma relation avec ce cliquetis change.
De plus, j’ai reçu des enseignements dans mes rêves, comme les bouddhistes tibétains rapportent. Non, je ne crois pas que ceci soit surnaturel. J’ai aussi eu des réalisations qui n’ont pas été suscités par la méditation, mais par mon expérience de vie. Peut-être que la méditation que j’ai faite avant d’avoir cette expérience a été utile?
Quelle partie de ceci est-elle due à ma neuroatypie? Aucune idée. Avec cet article, je ne voulais qu’aborder le problème. Comme j’ai déjà dit ci-haut, je n’ai pas toutes les réponses.
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