Janette Bertrand savait comment écouter les gens rejetés par la société.
Je suis pas mal certain qu’elle serait d’accord pour que je l’appelle par son prénom. Laissez-moi donc vous parler de Janette. Elle était une vedette à la télé quand j’étais un enfant au Québec. Elle avait un projet après l’autre. Ce que je me rappelle le plus de ses projets est que quand elle était en position d’être l’animatrice d’un talk-show, elle parlait directement aux gens qui étaient le sujet du thème. Si elle avait dans son émission des gens qui mouraient du SIDA (et elle a fait une émission comme ça), elle parlait aux patients directement.
Elle a fait ceci pour toutes sortes de gens: ceux qui avaient été trompés par leurs conjoints, les prostitués, les queers, les ex-drogués, les gens qui étaient handicapés d’une façon quelconque. Ces gens étaient ceux que la société, en général, ne voulait pas entendre. Ceci se déroulait sur un canal de télé national, dans les années 80 et 90, alors que je grandissais. Chaque fois que ces gens étaient dans son émission, il n’y avait qu’eux et elle qui jasaient ensemble. Il n’y avait pas d’intermédiaire pour pousser un agenda quelconque à l’encontre de ce que les gens eux-mêmes voulaient partager.
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Sa vie quotidienne avait un aspect particulier: Janette avait de courtes nuits. Est-ce qu’elle vantait de ça? Pas que je me rappelle. Elle était seulement une personne qui s’adonnait à avoir des courtes nuits, et elle utilisait ces courtes nuits pour produire une œuvre qui a aidé des gens innombrables. Elle a aidé les gens qui apparaissaient sur son émission, et ceux qui regardaient son émission, parce que nous entendions directement de la bouche de ces gens comment c’était de vivre leur vie.
Je ne me rappelle pas s’il y avait un épisode avec des autistes, mais je ne serais pas surpris s’il y en avait un. Janette voulait savoir, directement, sans intermédiaires. En fait, une de ses émissions s’appelait Janette veut savoir. Peut-on être plus explicite avec son but? N’est-ce pas exactement ce que nous, les autistes, voulons? Être écouté, sans jugement, sans les neurotypiques faisant une traduction de nos désirs ou de nos besoins?
J’ai commencé à écrire cet article à cause d’un article de journal que j’ai lu à propos d’un PDG merdique. Je voulais initialement le mentionner dans mon article, mais j’ai changé d’avis. Je ne veux pas lui donner plus de publicité que ce qu’il a déjà. En tout cas, ce type est un exemple parfait de la mentalité neurotypique merdique reprend tes esprits, il faut seulement le faire, tu as seulement besoin de force mentale qui nous est jetée par la tête. Lui, contrairement à Janette, se vante de ses courtes nuits. Tu as juste à générer la force mentale et le vouloir tellement que ça va se produire. Quelle merde!
Janette est toujours en vie, soit dit en passant. Elle a 98 ans maintenant. Wow! Je doute vraiment que le PDG que j’ai mentionné plus tôt se rendra à cet âge. Voici sa page sur Wikipédia, et une photo d’elle:
Je ne bois plus, mais quand même, je lève mon verre pour toi Janette. Tu as incarné tout ce que nous, les autistes, désirons quand on a à faire avec les neurotypiques. Que tu puisses vivre encore plusieurs années. Tu étais définitivement une dame!
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