J’ai fait de l’autostimulation toute ma vie, mais ses manifestations ont changé au cours du temps.
Quand je réfléchis sur les épisodes qui se sont produits plus tôt dans ma vie, je réalise que beaucoup de symptômes associés avec l’autisme étaient présents en moi, mais ils étaient masqués. J’ai fait de l’autostimulation bien avant que mon cancer n’affaiblisse ma capacité de masquer, mais je ne savais pas ce qu’était l’autostimulation.
Donc, qu’est-ce que c’est, l’autostimulation?
Un petit bonus pour les francophones: la masturbation peut être une autostimulation, mais l’autostimulation n’est pas nécessairement la masturbation. En anglais, “stimming” ne porte pas à confusion, mais en français, je trouve le vocabulaire un peu confondant, surtout hors contexte.
“J’aime bien m’autostimuler en public.”
“Maudit pervers!!!”
Je ne peux pas parler pour tous les autistes. Pour certains, l’autostimulation est une façon de composer avec l’anxiété. Pour d’autres, c’est une façon d’exprimer la joie. Pour moi, c’est une façon d’améliorer mon humeur, ou, des fois, une façon de composer avec mon anxiété. Physiquement, l’autostimulation est un mouvement répétitif, ou bien une stimulation répétitive du système nerveux. Certaines personnes agitent leurs mains. D’autres personnes tournoient. Par contre, il y a beaucoup plus de façons de s’autostimuler que ces deux exemples.
Moi, j’avais l’habitude de m’autostimuler d’une façon qui n’était pas très visible pour les autres gens, malgré quelques exceptions. Pendant longtemps, je m’autostimulais en m’arrachant les peaux mortes de sur mes lèvres. Je causais des fois le saignement de mes lèvres. Au cours du temps, je suis devenu plus habile à éviter de me faire saigner. Le sang était, après tout, socialement gênant, et la gêne sociale n’est pas quelque chose que je désire. De plus, je grince des dents de façon répétitive et constamment. Ces formes d’autostimulation sont pratiquement invisibles. Je ne sais pas vraiment ce qui cause ces formes d’autostimulation.
Je m’autostimule aussi quand j’éprouve de l’anxiété sociale. J’étais récemment à un évènement et, à un moment donné, je me suis rendu compte que mon pied se balançait d’un côté et de l’autre sous la table. Ceci est aussi une façon plutôt subtile de s’autostimuler. Si vous me regardiez les pieds directement, vous me verriez faire ce mouvement, mais la plupart des gens ne me regardent pas les pieds, alors ils ne le remarquent pas. Du coup, je me suis aussi rappelé avoir fait ça quand j’étais beaucoup plus jeune.
Dans un autre évènement, j’ai remarqué que mes jambes avaient des fourmis, et je crois maintenant que je souffre d’une paresthésie causée par l’anxiété. Peut-être est-ce aussi une forme d’autostimulation interne et qui est totalement hors de mon contrôle? C’est seulement in hypothèse.
Vous pouvez lire plus sur mon anxiété sociale dans cet article:
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J’utilise aussi d’autres formes d’autostimulation qui sont plus visibles aux observateurs. Je me rappelle, quand j’étais un étudiant, je faisais jouer de la musique, et je m’autostimulais en frappant des doigts sur le bureau. J’avais l’air de jouer un piano imaginaire tout en étudiant. La plupart du temps, il n’y avait personne près de moi qui aurait pu en être témoin. Je le faisais pour mon propre plaisir, et peut-être pour soulager une anxiété quelconque.
J’ai passé la majorité de mon adolescence durant les années 80. C’était aussi la période durant laquelle les vidéoclips sont pris vraiment feu à la télé. Je suis immédiatement tombé amoureux de ces clips. Je me couchais tard pour pouvoir les regarder. Quand je suis déménagé de la maison de mes parents, j’ai aussi perdu l’accès aux vidéoclips, mais je continuais quand même à écouter la musique. Par la suite, quand YouTube prit feu, j’ai été capable de renouer avec les vidéoclips. Je me rappelle que plusieurs fois le soir, quand j’enseignais au collège, je chargeais YouTube et j’écoutais et parfois, je regardais les vidéoclips. Cet amour de la musique et du vidéoclip continue jusqu’à aujourd’hui.
Après mon cancer, cet amour des vidéoclips a explosé. Quand j’étais en convalescence, je chargeais YouTube Music, et j’avais les vidéoclips qui jouaient à longueur de journée. Tellement que ça causait des fois de la friction entre mon ex-femme et moi. En fait, les vidéoclips jouent sur ma télé pendant que je suis en train d’écrire cet article! (C’est vrai pour la version anglaise et la version française aussi.) Mon autostimulation a aussi évoluée. Je me mets des écouteurs quand je vais faire ma marche quotidienne et je m’autostimule au rythme de la musique. Je fais la danse de la main et je marche au rythme de la musique. Cette forme d’autostimulation est, pour moi, un moyen d’améliorer mon humeur.
J’ai lu les histoires personnelles d’autres autistes et je me rends compte que je ne suis pas spécial du fait que mon autostimulation évolue à travers le temps et les situations. Quelque disait qu’il faisait de l’autostimulation à la maison, mais pas à l’école. Quelqu’un d’autre faisait l’inventaire de ses formes d’autostimulation et nous informait qu’il avait cessé de faire certaines de ces formes, ou bien qu’il avait adopté de nouvelles formes.
Une chose est sûre, c’est que depuis mon auto-diagnostic, je m’autostimule plus qu’avant. À mon avis, l’autostimulation, c’est la vie. À un point tel que j’ai intitulé les listes de musique que j’utilise pour mon autostimulation Stimming Is Life, et que le premier produit associé avec ce compte est une série de chandails avec le logo Stimming Is Life imprimé dessus.😉
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